Du nouveau sur Voltaire et l’affaire Calas : le malin génie et le « pauvre diable »
Le conférencier présentera plusieurs découvertes restées inaperçues et renversantes sur les origines de l’implication de Voltaire dans l’affaire Calas. Parmi les informateurs du philosophe se trouve en effet le descendant d’une famille protestante du Rouergue méridional à la personnalité ambigüe, très inséré dans les milieux intellectuels montalbanais et que ses relations familiales rapprochent des Calas. Cet environnement semble bien avoir poussé le patriarche des Lumières à mener ce combat majeur contre l’intolérance et, à la lueur de ces éléments insoupçonnés, le dossier paraît devoir être revisité.
Patrick Ferté est maître de conférences émérite en histoire moderne de l’université de Toulouse-Jean Jaurès, membre de Framespa-CNRS.
Pour mieux comprendre
Fils de chirurgien d’origine mazamétaine, Jean Calas naît à Lacabarède en 1698. Il épouse en 1731 Marie-Rose Cabibel, fille de Mazamétains émigrés en Angleterre. Resté fidèle à la religion protestante, il est installé comme marchand d’étoffes rue des Filatiers à Toulouse, bastion catholique.
Le soir du 13 octobre 1761, le fils aîné du couple, Marc Antoine, est retrouvé étranglé dans la maison familiale : probablement un suicide. Les contradictions initiales de la famille, les ouï-dire et les ragots font rapidement accuser le père et son fils Pierre d’être les auteurs d’un assassinat : Marc Antoine aurait été tué car il aurait été désireux de se convertir. Aussi ses obsèques se déroulent-elles en grande pompe à l’église catholique. Dès le 18 novembre, le tribunal des capitouls juge Jean Calas coupable. Le 9 mars 1762, en appel, il est condamné à être rompu vif et son fils Pierre est banni du royaume. Le 10 mars 1762, sa peine ayant été légèrement aménagée, le marchand d’étoffes est roué vif sur la place Saint-Georges…
Pierre Calas, de son côté, s’exile à Genève où il rencontre Voltaire déjà informé de l’affaire… Mais comment ?